PLEIN LES BOTTES

Hé, les Amis, le printemps est déjà là et nous ne sommes quasiment pas sortis cet hiver pour planter les petits arbres. Que se passe-t-il sur la planète des pins parasols,  se disent les habitués du site ? www.dupinsurlaplanche.org Il faut comprendre tout d’abord que les soudaines velléités politiques de notre guide préféré ont détourné pendant presque deux mois nos préoccupations. Il y a eu aussi une météo médiocre et en tout dernier lieu, malgré nos tentatives automnales et l’appui du syndicat des sylviculteurs, nous peinons à persuader les propriétaires de parcelles qui ont le bonheur de se trouver sur le tracé de l’Allée de nous héberger pour nos  travaux d’embellissement. On s’étonne !  Comment ?On propose à un particulier qui se débat déjà avec les tempêtes, la sécheresse, les inondations, les incendies, le scolyte, les chenilles processionnaires, les sangliers et les impôts d’envahir le dimanche ses terres afin de remplacer d’honnêtes pins maritimes, à valeur marchande réelle quoique problématique, par des arbres d’ornement qui vont (un peu) compliquer l’entretien des plantations et ce particulier ne saute pas de joie ? Etrange réaction. Toujours est-il qu’au début mars nous sommes allés Yves et moi sur la parcelle de monsieur Guillem sur la commune du Temple afin de réviser notre travail d’il y a trois ans environ. Par accident il ne pleuvait pas et, contournant les flaques nous avons arrêté la voiture au début de nos lignes. Endurcis par l’habitude nous avions enfilé les bottes de caoutchouc sur des pantalons prêts à tous les outrages. Très vite  nous réalisâmes que tout arrosage serait superflu. Les espaces entre les rangées d’arbres faisaient figure de canaux et souvent nos fiers pins parasols étalaient leur souveraineté sur une petite ile indépendante. La progression s’est faite à petits pas prudents, évaluant la profondeur des fossés avant de se risquer, veillant à prendre appui sur les mottes les plus fermes. Au début tout alla bien puis,  le premier, Yves me signala qu’il avait plongé et rempli une botte, il ne tarda pas à satisfaire l’autre jambe et ne se posa plus de questions. Je résistais un moment mais finis par me transformer en réservoir ambulant. On repère une touffe de molinies consistante, rassurante, on enjambe ce qui parait la fosse des Mariannes en plus petit, on atterrit sur un point solide qui s’affaisse traitreusement et hop, glou-glou, c’est gagné. La suite du parcours ainsi humidifié est moins exaltante mais, bon on regagne la Kangoo avec la satisfaction du devoir accompli. Deux biscuits et quelques gorgées d’eau plus tard, le soleil déclinant je mets le contact et en voiture Simone, c’est fini pour cette fois. Quinze mètres plus loin alors que je suis encore quasi au ralenti j’avise sur le côté du chemin une plaque herbue qui me semble préférable aux ornières du centre et je m’y lance, en confiance. Cinq secondes plus tard la voiture est posée sur ses moyeux. Plantée. « C’est pas vrai ! » soupire mon copilote qui descend et tente, mobilisant ce qui lui reste de ressources musculaires, de pousser une tonne de ferraille engluée. Rien à faire. Nous nous efforçons de creuser cette terre humide et grasse, de glisser force branchages sous les roues. Yves est maculé par la gadoue qui gicle des roues patinantes. Rien à faire et la nuit tombe. Nous voilà beaux ! Je me vois regagnant à pattes la départementale (1 km), faire du stop pour revenir chez soi et attendre que le sol ait séché pour récupérer la Kangoo. Programme sympathique. Yves finit toutefois par retrouver le numéro de portable de monsieur Guillem. « Je l’appelle, il m’a déjà dépanné une fois au même endroit. » Chance, le proprio répond aussitôt, quand même pratiques ces téléphones ! On lui explique l’aventure et monsieur Guillem nous confirme qu’il est tout prêt à nous aider sauf que, pour l’heure il se trouve au bord de la Méditerranée. Cela ne nous convient qu’à moitié, soyons francs, il va donc falloir faire du stop avec nos bottes humides.  Mais Yves, inspiré et dominateur, lui accorde cinq minutes pour trouver une solution puis raccroche ! L’ultimatum écoulé il reprend contact et monsieur Guillem nous annonce l’arrivée imminente d’un de ses voisins disponible. « L’espoir changea de camp, le combat changea d’âme »comme l’aurait dit Victor H. Nous guettons au bord de la route et une petite demi-heure  plus tard une Land Rover 88, châssis court, se présente. Le forestier un peu goguenard nous embarque sans autre forme de procès, exhibe une forte corde, les véhicules sont reliés et vingt secondes après nous sommes au sec. Vivat ! « Si tu ne traines pas maintenant,  le temps de prendre une douche et j’irai distribuer des tracts pour les élections à l’Utopia ! » m’annonce Yves, pragmatique.

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