Rappelle-moi combien de kilomètres nous avons déjà plantés sur cette Allée, Olivier.
__ Pour être précis pas loin de 4 kilomètres, Jean-Paul !
__ Il en reste donc 246 devant nous ?
__ Eh, oui, cette année nous n’avons pas fait grand-chose.
__ Dans ces conditions il ne faut pas mollir.
Ce dimanche nous sommes revenus à Carcans-Couyras pour une journée de révision de l’Allée. Il pleut mais nous espérons une amélioration dans l’après-midi. Le président Simone nous a organisés en deux équipes qui doivent remonter une file de pins puis redescendre la file de feuillus. Il s’occupe des autres, tous néophytes.
Nous voilà, en action, Jean-Paul, Katy et moi pleins d’énergie, escortés par Marie-Christine, Annie et Véronique dont le projet essentiel se révèle être, au cours des heures, d’organiser leurs prochaines vacances. Sur chaque petit pin nous vérifions la vitalité du sujet, la bonne disposition du filet et nous débroussaillons le voisinage. Une couche de verdure est rajoutée au pied pour que l’humidité soit préservée en été et accessoirement pour freiner les végétations parasites.
Il nous parait que, dans l’ensemble, cela pousse bien ce qui fait que nous progressons rondement. Arrivés en une demi-heure à l’extrémité de la parcelle, nous nous apprêtons à inspecter les feuillus. Un regard sur la position de l’autre équipe nous apprend qu’elle ne semble pas avoir décollé du départ ou peu s’en faut. Peut-être rencontre-t-elle des difficultés ?
Sans perdre une seconde nous nous intéressons aux chênes, châtaigniers et autres acacias. Nous remplaçons les absents ou les morts par des gingko biloba ou des marronniers. Tout va bien malgré une pluie persistante mais en fait peu gênante car nous sommes équipés en conséquence. Le portable vibre dans ma poche. Qui donc peut bien m’appeler aujourd’hui ?
__ Allo, Olivier, c’est Yves. Où en êtes-vous ? On dirait que vous allez très vite.
__ Ben oui, encore 246 kilomètres à faire, alors on ne traîne pas.
__ Et le paillage, vous soignez le paillage ? N’oubliez surtout pas le deuxième cercle…
Je regarde mon portable légèrement surpris. Le deuxième cercle qu’est-ce que c’est que cela ? Une émanation du contre espionnage, une secte ésotérique, les proches du Président ?
Bon, l’un dans l’autre les deux équipes se sont rejointes pour un moment important de l’expédition, d’aucuns disent pour LE moment important, c’est-à-dire le pique-nique. Celui-ci est particulièrement réussi et comme la pluie s’est arrêtée tout va très bien entre Sainte Croix du Mont et Crozes Hermitage pour finir en Armagnac. Et on s’étonne que les files ne soient pas droites ! La délicieuse tarte aux pommes apportée par Eric laissera aussi des souvenirs émus.
Après cela les équipes sont refondues, le chef préférant avoir à l’œil les membres les plus dilettantes de notre formation. Nous héritons en compensation d’Olivier C., robuste quadragénaire et des deux charmantes étudiantes recrutées tout récemment par Yves. Nous constatons que ces trois là ont acquis ce matin d’excellents principes et beaucoup de cet enthousiasme qui caractérise les débutants. Les quarts d’heure se succèdent et il doit se réaliser comme une symbiose, d’autres parleraient de contamination entre nous six. Il apparaît que nous avons repris une avance conséquente sur l’équipe dirigée par l’homme au chapeau rond.
Nous sommes quand même initiés au deuxième cercle. Il s’agit, après avoir paillé le pied de l’arbuste, sous et sur la jupe de plastique, de tracer une deuxième circonférence au-delà, dans l’espoir de ne pas avoir à surveiller le sujet avant plusieurs années.
Quoiqu’il en soit nous avons repris avec plaisir nos activités parasolesques et d’autres sorties seront programmées d’ici à la fin de l’année.
par Olivier F. Léonard – Octobre 2010