LA SEMENCE DE L’ANCÊTRE

Samedi 31 janvier 2009, dans la nuit, la tempête Klaus balaie l’Aquitaine : douze victimes, toits arrachés et forêts dévastées.
Lundi 2 février, nous apprenons que le pin de la Glacière a été abattu pour raisons de sécurité par les services municipaux.

Pin de la GlacièreRetour sur image : l’arbre de la Glacière est connu pour être le pin parasol le plus vieux de l’agglomération bordelaise. Depuis trois cents ans, si l’on en juge par les gravures du XVIII siècle, il ombrage la route qui mène de Bordeaux à Mérignac, à côté de la tour ronde qui fût un entrepôt à glace.

L’association « Du pin sur la planche » avait l’œil depuis longtemps sur cet arbre emblématique. Lors d’une précédente reconnaissance Yves et moi avions exploré les environs pour ramasser une éventuelle pigne tombée sur le trottoir voire pour pénétrer dans le parc abritant cet ancêtre. Nous avions renoncé à une violation de propriété privée qui aurait demandé, de plus, une escalade ou de passer une clôture assez haute.

Le surlendemain de l’abattage du pin je me suis rendu le long du mur qui borde la propriété, au pied de la tour ronde. Hélas, tout avait été nettoyé, balayé et il n’y avait aucune pigne visible. J’ai consacré dix minutes à passer au peigne fin les recoins des pierres et mon butin a été conséquent, cinq pignons. Le problème de ces graines est que même si elles apparaissent bien fermées, entières, saines, il est possible qu’elles datent de l’année précédente et ne germent pas. En tout cas c’était mieux que rien et j’avais l’impression d’avoir fait mon possible.
Le président Simone, dans son ardeur messianique, n’a pourtant pas voulu en rester là. Ayant pris contact avec les services municipaux mérignacais il s’est persuadé que restaient, à l’intérieur des murs, les restes du géant découpés et que nous pouvions accroître notre récolte en passant la clôture.
Pin de la GlacièreLe jour de l’expédition il y avait, fait notable, un rayon de soleil. Au pied du mur nous avons réalisé que celui-ci penchait dangereusement vers le trottoir et qu’une escalade malencontreuse pourrait provoquer un éboulement. Il s’en serait suivi une publicité à la poursuite de laquelle nous ne tenions pas. Nous avons donc convenu de voir comment l’accès par la petite rue arrière se présentait. Et il se présentait bien puisque un arbre s’étant couché sur le grillage facilitait son enjambement. Nous sommes entrés discrètement dans la propriété. On ne pouvait pas dire que ce parc était bien entretenu, cela ressemblait plutôt à de la forêt vierge. Ce n’était pas immense, d’ailleurs, et cinquante mètres plus loin, ayant gravi une courte pente, nous avons découvert la dépouille de l’arbre sacrifié. Il était tronçonné et ses branches amassées en un grand monceau. Au ras du sol la souche avait près d’un mètre de diamètre, d’un bois vierge de pourriture, aux innombrables cernes de croissance. L’ancêtre aurait pu vivre encore longtemps.
Sans perdre un instant nous avons rempli un sac de pignes de préférence fermées. Nous ne tenions pas particulièrement à nous faire remarquer mais le sol du terrain affleurant le haut du mur sur la rue, nous étions tout à fait repérables et les passants dont la vision était attirée par ces silhouettes inhabituelles avaient vite fait d’identifier mon compagnon.
« Que faites-vous là monsieur Simone ? Ah, oui le grand pin parasol… quel dommage ! « etc, etc.
Le pin en question a donné quelques rejetons alentour et nous avons eu quelques scrupules à ramasser leurs fruits et puis, zut, nous l’avons fait en nous promettant de les faire germer séparément des graines du patriarche.
Puisque l’occasion nous en était présentée nous avons aussi visité l’intérieur de la tour. Elle depuis longtemps abandonnée, ouverte à tous les vents et les derniers aménagements doivent remonter à une bonne vingtaine d’années. Il n’y a là rien de très intéressant.

Et nous sommes repartis tout aussi discrètement, ayant l’impression d’avoir fait œuvre utile. Nous baptiserons « Allée de la Glacière » le segment de notre grand projet qui aura profité de ces graines.

 

par Olivier F. Léonard – Février 2009

3 réflexions sur “LA SEMENCE DE L’ANCÊTRE”

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